Tout le monde souhaite que la vie soit intéressante et agréable, qu’elle le reste et qu’elle le devienne de plus en plus. Pour aller vers ce résultat, deux moyens sont habituellement proposés : d’une part la foi, qui admet une puissance, extérieure et supérieure à la matière, supposée nous fournir en temps voulu un monde idéal. D’autre part, le progrès rationnel, qui exclut en principe toute assistance surnaturelle, et mise donc entièrement sur le génie humain pour développer le bien-être.
Je propose une troisième voie, qui " recombine " un peu différemment les éléments des deux autres : tout fonctionne comme les sciences rationnelles le décrivent, cependant il y a bien un " auteur et gestionnaire " de tout ce qui existe, mais il n’a rien de surnaturel ou de miraculeux – ce qui ne l’empêche pas d’être infaillible. Et c’est bien à nous d’utiliser nos capacités pour installer un bien-être optimal dans notre vie et sur cette Terre. Mais, puisque ce travail a été commencé de manière parfaitement judicieuse, nous ne devons pas rectifier les erreurs de la nature et en défier les lois, mais nous inspirer de ce que nous observons.
Ceci implique un changement d’attitude par rapport aux deux versions classiques : il ne s’agit pas d’attendre patiemment qu’un monde meilleur nous soit fourni, ailleurs, autrement, mais de prendre les choses en mains et de le construire, ici même, avec les moyens qui ont été judicieusement mis à notre disposition. Et il ne s’agit pas de n‘en faire qu’à notre tête, mais de nous laisser guider par l’exemplarité de tout ce qui est déjà en place.
Selon cette thèse, les faits se présentent donc de la manière suivante : l’Univers existe depuis toujours sous forme d’une énergie latente, qui s’est, à un moment donné, scindée en deux formes d’existence. L’une est devenue active et a présenté alors les caractères de la matière concrète, en perdant sa " perfection ". L’autre est restée latente et a donc gardé cette perfection qui lui permet d’être tout, partout, tel un gigantesque ordinateur aux capacités illimitées.
La seule limite que connaît cet ordinateur est de ne pas pouvoir être à la fois latent et actif, ce qui explique pourquoi l’Univers n’intervient pas concrètement dans la matière. La matière n’est pas pour autant livrée à elle-même : les particules de matière, même si elles forment un corps matériel cohérent, " baignent ", chacune, dans ce qui constitue cet ordinateur.
Chacune des particules de matière qui nous constituent n’est pas, en effet, reliée directement aux autres : elles sont maintenues ensemble à distance, comme la lune reste en contact avec la terre, par exemple. Ainsi, l’Univers-ordinateur, tout en étant strictement coupé de la matière, peut cependant garder le contact, à tous les niveaux, avec elle. La position de la lune par rapport à la terre est constamment enregistrée par le " vide " qui se trouve entre les deux, au même titre que le comportement de chaque particule par rapport à d’autres est contrôlé en permanence par l’Univers, auquel rien n’échappe.
Contrôler ne veut pas dire manipuler : l’Univers ne déplace pas plus les montagnes que les particules, la matière fonctionne de manière tout à fait autonome, sur sa lancée et selon les lois de la physique qui se sont mises en place automatiquement, ce qui explique pourquoi les thèses scientifiques du hasard et de la nécessité sont tout à fait exactes. Sauf, justement, en ce qui concerne les " chaînons manquants " et les " phénomènes inexplicables " sur lesquels butent les scientifiques.
Car, de temps en temps, la belle fiabilité des lois naturelles est démentie par les faits : l’évolution, ou les processus naturels, s’écartent quelquefois de leur cours normal et prévisible, et changent de cap, s’accélèrent momentanément, " prennent des initiatives "... Et non pas, comme ce serait le cas s’il s’agissait d’accidents de parcours fortuits, n’importe comment, mais de manière intelligente, délibérément judicieuse.
Les scientifiques ne l’admettent pas, et continuent de chercher les causes " naturelles et mécaniques " de ces phénomènes. Une autre explication est donc celle proposée ici, en l’occurrence l’Univers qui se sert de la même impulsion subtile qui a déclenché l’apparition de la matière, pour " faire pencher le hasard ", de temps en temps, dans un sens ou dans l’autre, non pas en fonction de son " humeur ", mais strictement dans le but de rendre les processus de la matière durablement équilibrés mais tout de même capables d’évoluer, sans stagner et sans se dégrader.
La Conscience
Chaque système matériel possède son petit ordinateur individuel, c’est-à-dire sa part d’Univers latent, qui, d’une part enregistre et gère ce système, d’autre part transmet à l’ensemble de l’ordinateur toutes ses données – et peut, le cas échéant, en recevoir.
Chacun d’entre nous est un système : ce qui constitue notre individu par rapport à notre environnement. Nous possédons ce petit ordinateur personnel qui, d’une part, gère de façon autonome tout ce qui nous constitue, et qui, d’autre part communique avec l’ordinateur général, l’Univers. On peut le qualifier d’âme, ou d’esprit, la présente thèse lui attribue de terme de " Conscience ".
Mais, bien sûr, cette communication entre nous et l’Univers ne se fait pas à la manière d’un téléphone portable, avec des mots, un langage matériel... Notre Conscience est bien notre interprète auprès de l’Univers, et nous nous en servons constamment, sans le savoir. Et nous pourrions encore bien mieux profiter de la considérable expérience de l’Univers et de nos capacités si nous connaissions mieux la manière de l’utiliser.
Pour cela, il faut avant tout exclure toute forme de magie, de miracle, de faveur ou de " piston " à en tirer... Et, pour peu que nous sachions interpréter les données de l’Univers, nous n’aurions guère, dans l’état actuel des choses, la possibilité de les mettre en pratique, car se ne sont que des informations sages et intègres, qui sont difficilement applicables dans le contexte moderne...
D’ailleurs, il ne s’agit pas exactement de demander conseil à l’Univers, ce qui consisterait à adopter le principe avancé par les religions : celui d’un gestionnaire absolu qui a tout prévu et qui instaure des règles en fonction de ce qu’il compte réaliser pour nous. L’Univers n’a pas un but précis et il n’invente pas ses lois : il laisse la matière évoluer, et nous faisons partie de cette matière qui évolue selon les lois qui s’instaurent d’elles-mêmes. L’Univers se contente de noter les effets du hasard qui sont les plus prometteurs et de les favoriser en toute connaissance de cause, et de défavoriser ceux qui peuvent menacer l’ensemble.
Et nous sommes là pour faire la même chose, " sur le terrain ". En fait, nous le faisons, mais nous n’y mettons pas la patience et le discernement dont fait preuve l’Univers... Nous utilisons effectivement les lois et les processus que le hasard a mis en place, et nous disposons de moyens bien plus concrets que l’Univers pour les dévier à notre avantage. L’Univers, pour arriver à ses fins, doit attendre des millions ou des milliards d’années pour que l’effet escompté se produise.
Et c’est bien pour activer ce processus qu’il nous charge de continuer la tâche en pratique. Mais nous nous sommes un peu emballés... Il n’y a rien a craindre, puisque l’Univers a bien entendu envisagé cet emballement, et pris les précautions nécessaires. Mais il est temps de reprendre les choses de manière plus pondérée et judicieuse... Et pour cela, nous pouvons nous servir utilement de notre Conscience.
Utiliser la Conscience
Notre Conscience est ce que l’on nomme quelquefois " notre petite voix intérieure ". Et c’est bien cela qui la caractérise : elle est vraiment très petite, très subtile, et, de ce fait, elle est très facilement occultée, cachée, elle passe généralement inaperçue. D’autant plus que nous avons mis en place toute une panoplie de moyens pour la mettre en retrait, car elle est bien agaçante, avec sa moralité, sa sagesse, son désintéressement, sa lucidité...
Car c’est évidemment elle qui se manifeste lorsque nous avons mauvaise conscience, lorsque nous nous battons contre notre envie d’acheter une petite folie, de boire un verre de plus, lorsque nous sommes désemparés devant un reportage montrant les malheurs du monde et lorsque nous sommes tiraillés par les remords pour avoir été désagréables envers autrui...
C’est elle aussi qui est derrière un regain d’optimisme qui nous donne envie de changer notre vie ou le monde.
Tout de suite après ces pulsions spontanées, nous mettons en action des réactions bien concrètes et matérielles : nous trouvons de bonnes raisons pour acheter la petite folie, boire le verre ; nous nous disons que nous ne pouvons rien faire pour remédier aux malheurs du monde et que, après tout, la personne que nous avons brusquée l’avait bien mérité. Nous nous plongeons dans nos activités ou nous allumons la télé pour nous divertir, nous remettons nos bonnes résolutions à plus tard...
L’acte de réfléchir se situe déjà dans le domaine matériel, concret : il s’agit donc de ne pas confondre les pensées et les " prises de Conscience ". C’est l’erreur qui est faite lorsqu’on parle " d’écriture automatique ", de " messages divins " ou même, tout simplement du " bon sens ". C’est bien la Conscience qui, à l’origine, suscite le premier mouvement, mais, dès que cette impulsion subtile est transformée en mots, écrits, dits ou pensés, ce n’est plus purement l’expression de la Conscience, et il peut y avoir des " erreurs de traduction " teintées de subjectivité, du " parasitage "...
Cela ne signifie pas que la Conscience détienne l’intégrale vérité tandis que la pensée concrète induirait forcément en erreur. Au contraire : le but de l’opération est justement de créer un débat entre les deux pour définir progressivement la solution optimale. Simplement, nous avons tendance à négliger cette toute petite voix qui, sagement, ne cherche jamais à s’imposer, et à l’étouffer sous des considérations un peu trop réalistes.
Réalistes, nous le sommes par exemple lorsque nous abdiquons devant les malheurs du monde : brièvement, nous sommes révoltés lorsque, par exemple, nous voyons un reportage montrant des atrocités, puis nous redevenons " raisonnables " : à quoi bon se faire du mal, de toute manière, nous ne pouvons pas faire grand chose pour changer les faits... Ceci consiste précisément à faire taire notre Conscience, qui, avec une tranquille détermination et un farouche optimisme, s’entête à nous faire désirer un monde plus pacifique... Mais nous ne l’écoutons plus, classant d’office ce propos comme utopie...
Ce n’est pas une utopie, et il est faux de penser que, personnellement, nous ne pouvons rien faire d’efficace. C’est ce que nous soufflerait notre Conscience si nous lui prêtions oreille. A chacun de nos arguments et doutes, elle répliquerait par une contre-proposition, car elle sait, elle qu’un monde pacifique est tout à fait réalisable ; simplement, nous disposons du " libre-arbitre ", qui nous permet, dans la plus large mesure possible, de choisir quand et comment nous allons y parvenir. Ecouter notre Conscience pourrait nous aider à y parvenir plus vite et mieux...
Cas de conscience
Seulement, les arguments que nous propose notre Conscience sont souvent embarrassants... Si nous pouvons accélérer la pacification du monde en acceptant de réduire sensiblement notre train de vie, accepterions-nous de le faire... ? Pour nous mettre d’accord avec notre Conscience, nous tenterions probablement un marchandage acharné : voiture à pot catalytique ? Non, pas de voiture... Réduire les inégalités ? Non, les supprimer. Peu à peu, quand nous avons assez de surplus ? Non, rapidement. Ceux qui ont beaucoup trop de biens ? Non, tout le monde...
Même débat si nous demandons à notre Conscience comment acquérir une santé de fer : un peu moins de matières grasses et un peu de sport ? Non, beaucoup d’activité physique et une alimentation sobre, mais solide... Une aspirine, un petit calmant ? Non, un rythme de vie sain et régulier... Et ainsi de suite...
Qui s’étonnerait, à cette allure-là, que nous ayons mis en place toute une série de moyens pour ne plus entendre les judicieux conseils de notre Conscience... ? Il est bien plus confortable de compter sur le progrès et l’humanitaire pour améliorer la condition humaine et sur la médecine pour réparer les excès que nous imposons à notre corps...
Mais notre Conscience n’a pas l’intention de nous imposer un mode de vie draconien et un renoncement monastique... L’Univers cherche le plaisir optimal, et il n’aurait pas laissé un pays de cocagne s’offrir à nous s’il n’y avait pas moyen d’y trouver le bien-être pour tous...
Ceci ressortirait plutôt des interprétations religieuses : une tentation irrésistible placée bien en vue dans le paradis, puis la punition pour y avoir succombé... Ou, dans le cas des religions orientales, l’obligation de subir des incarnations répétées au milieu d’attirances matérialistes, pour ensuite en être affranchis définitivement...
Suivre le mode d’emploi
L’Univers calcule tout en fonction d’un équilibre optimal, et la nature fonctionne ainsi : chaque être vivant dispose d’un maximum possible de place, de nourriture, de liberté d’action, dans une complémentarité qui assure la diversité et le bien-être moyennant le minimum nécessaire de limites et de contraintes. La preuve : dès que l’Humain tente de " corriger " un élément de la nature selon ses appréciations subjectives, il crée un enchaînement de conséquences souvent fâcheuses.
Il serait bon qu’il s’inspire des méthodes de l’Univers : d’abord observer patiemment et méticuleusement les processus naturels, puis repérer les hasards qui semblent prometteurs, ensuite favoriser ces hasards dans le sens voulu, analyser soigneusement et objectivement toutes les conséquences qu’entraîne cette intervention, et ne garder enfin que ce qui est durablement et globalement équilibré...
Nos lointains ancêtres ont agi de cette façon, introduisant très progressivement et lucidement des techniques nouvelles destinées à agrémenter la vie. Et ce n’est pas seulement faute de moyens massifs, mais aussi par respect instinctif des exemples et mises en garde fournis par la nature : les croyances et religions ont, dans un premier temps, visé à entretenir ce respect, invoquant une autorité supérieure, puisqu’ils ne pouvaient pas encore connaître les explications scientifiques. Un jeûne était rituel, maintenant, nous savons qu’il " purifie " l’esprit et le corps pour des raisons que nous pouvons décrire de manière tout à fait rationnelle...
Mais pourquoi l’Univers, s’il est si ingénieux, ne nous transmet-il pas tout simplement, via notre Conscience, le plan précis et complet de ce qu’il faut faire et éviter ?
La question est justifiée, puisque l’Univers, grâce à ses capacités d’ordinateur infiniment puissant, connaît bien entendu toutes les myriades de possibilités – et impossibilités – qui sont susceptibles de se produire dans l’avenir, sinon, il courrait le risque de laisser passer maintenant un petit détail qui aura, dans des millions d’années, des conséquences fatales...
Or il a trois bonnes raisons pour ne pas le faire.
- Imaginons que l’Univers ait opté pour le déroulement le plus efficace possible, et nous ait doté d’un plan à suivre : sans aucun doute serions-nous des automates, exécutant passivement et avec lassitude les opérations indiquées... Ouvriers devant une chaîne de montage, nous ne ferions notre travail que pour obtenir la rémunération promise...
A l’inverse, si nous découvrons au fur et à mesure nos possibilités et nos objectifs, et si nous pouvons influer sur le cours de choses en ayant un large éventail de choix, notre motivation en sera considérablement stimulée...
Bien sûr, cela consiste à découvrir des choses qui sont déjà élaborées, consignées dans un dossier... Mais cela n’enlève en rien à la joie de la découverte, et nous donne en plus l’assurance de ne pas risquer une trouvaille aux conséquences fatales... Un enfant " découvrira " avec excitation un cadeau dont il se doutait bien qu’il allait le recevoir... Et, si l’enseignement était bien fait, les élèves découvriraient avec un bonheur sans cesse renouvelé des connaissances qui, pourtant, étaient établies depuis longtemps...
- D’autre part, l’Univers ne peut pas décider seul quelle est la meilleure voie : non seulement il aurait l’embarras du choix, puisqu’il y en a bien plus qu’une qui soit excellente. Mais il n’est pas " matériel ", il " ressent " les choses autrement qu’un Humain en chair et en os. Il est beaucoup trop intègre et sérieux : pour lui " agréable ", cela se traduit par un savant calcul, son " bonheur " équivaut à celui d’un mathématicien qui arrive à résoudre une formule compliquée...
En notre qualité d’Humains, nous ressentons ce " calcul " différemment : admettons que la formule dudit chercheur ait servi à fabriquer un nouveau parfum ; nous n’en avons rien à faire de la formule, c’est la fragrance qui va nous ravir. Et, peut-être, une formule magnifique va-t-elle donner un parfum sans intérêt pour nos narines... L’Univers laisse en place toutes les " formules " valables, mais elles ne sont pas forcément intéressantes dans la pratique ; à nous de tester...
- Enfin, l’Univers n’a pas d’idée préconçue depuis le départ : l’objectif est simplement une évolution qui tend en permanence vers une existence intéressante et agréable. S’il avait défini depuis le début un but précis, cela empêcherait l’apparition de nouvelles idées en cours de route. Les calculs sont réajustés à chaque instant, en fonction de la tournure que prennent les choses.
Mais de là à laisser l’Humain commettre les erreurs et exactions qui ont jalonné son parcours... ?
L’Univers aurait au moins pu empêcher l’Humain de faire la guerre, les génocides, les crimes et les gros dégâts.
Mais comment effectuerait-il le choix entre les différents degrés de gravité ? S’il exclut les guerres, il doit exclure le crime ; et puis la violence psychologique. Et aussi les accidents, ainsi que les catastrophes naturelles. Toute forme d’agressivité, et puis, après tout, tout désagrément, toute douleur, la tristesse, l’ennui, le doute...
L’Humain a adopté cette tendance à l’ambiguïté : le " plein emploi ", c’est un certain pourcentage " acceptable " de chômage ; réduire les inégalités, c’est rehausser le train de vie des plus pauvres jusqu’à un certain niveau ; remédier a l’hécatombe sur les routes, c’est " ne plus avoir que tant et tant de dizaines de tués et de blessés "...
Or, il est tout a fait possible de faire en sorte que tout le monde ait du travail, que les biens soient partagés équitablement, et qu’il n’y ait plus de véhicule trop puissant pour être maîtrisé par le conducteur... Cela demanderait bien sûr un changement radical des mentalités et des conditions de vie.
Un monde sans guerre, sans crime, sans violence est également réalisable, moyennant un solide processus de maturation morale. Et, tout ce qui est possible, l’Univers compte bien y parvenir. Mais, pour que ce soit efficace, il faut que ce soit un choix, et non pas la punition ou la récompense, ou la suppression de toute possibilité de faire le mal.
Exclure l’existence de tout couteau, parce que certains l’utilisent pour tuer ou blesser serait absurde... A cette allure, il faudrait supprimer les mains qui peuvent étrangler, le caillou qui peut lapider... L’agressivité n’est que l’autre face d’un comportement qui a son utilité. Il faut donc empêcher l’usage néfaste de chaque chose qui existe. Mais nous constatons bien que nos efforts dans ce sens ne sont guère efficaces : la volonté de nuire d’un individu ne sera pas forcément supprimée par l’incarcération ou toute autre punition, aussi dure soit-elle...
Un enfant qui s’astreint à la docilité pour mériter une récompense ou éviter les réprimandes n’est pas pour autant foncièrement gentil, et il va peut-être développer parallèlement des ruses pour laisser libre cours à ses désobéissances... Tant qu’il ne se comporte pas comme il devrait par conviction personnelle, rien n’est acquis.
Le libre-arbitre
C’est dans ce sens qu’il faut considérer le libre-arbitre attribué à l’Humain : ce n’est que lorsque, en présence du libre choix de ses actes, l’individu adoptera un comportement correct que la partie sera gagnée.
Et, contrairement aux apparences, nous sommes en bonne voie : l’écrasante majorité des Humains est pacifique et sociable : les accablantes énumérations d’horreurs relatées par les médias ne parlent que d’une minorité d’individus et ne témoignent pas assez de la foule qui est impliquée, bien malgré elle dans cette mauvaise publicité ; les moyens modernes permettent à un nombre de plus en plus petit de personnes de commettre des violences et des dégâts de plus en plus grands...
Cette bonification des moeurs confirme d’ailleurs l’inexactitude de la thèse scientifique du pur hasard : si l’on applique à la lettre la loi de la probabilité qui en découle, il aurait dû y avoir une quantité égale d’éléments agressifs et d’éléments non-violents dans toute population d’êtres vivants. Puis, logiquement, en vertu de la sélection naturelle, les violents auraient dû l’emporter sur les autres. Au départ, déjà, les premières formes de vie auraient donc dû voir leur équilibre pencher vers les plus agressifs et la diversité aurait diminué. Et, chez les Humains, les plus " méchants " auraient forcément dû écraser rapidement les pacifiques.
Or, dans la nature, de nombreuses formes de vie " faibles " se maintiennent allègrement, et, au sein de l’Humanité, il n’y a pas une majorité de " durs ", même pas une moitié, mais bien une foule écrasante d’honnêtes citoyens...
Pour en arriver là, le libre-arbitre aura joué un rôle important, et, même si cela a demandé bien des sacrifices, le résultat, lorsqu’il sera atteint, en aura valu la peine. Mais il ne suffit pas d’éviter les directives, interdictions et remontrances pour qu’un enfant adopte un comportement exemplaire, et si l’Univers s’était contenté de laisser agir le libre-arbitre dans l’espoir que le " bon sens " viendrait à l’Humain de lui-même, cela se solderait sans doute par un échec...
Il y a un autre élément déterminant qui a conduit l’Humain à opter pour la moralité plutôt que pour la " loi de la jungle " (l’apparente dégradation morale du vingtième siècle n’est qu’un " coup de fièvre " bénéfique dont je pourrais exposer l'utilité ultérieurement) : c’est ce que les religions ont interprété comme " jugement divin ", ou " karma ", autrement dit " le bâton et la carotte ", mais qui est, en fait, beaucoup moins dramatique et autoritaire...
Il s’agit en effet d’un examen de conscience que nous menons tout à fait librement et appliquons à notre gré et à notre rythme, ensuite. Nous faisons cela en permanence, mais de manière particulièrement lucide et profonde lorsque nous sommes momentanément une Conscience sans corps matériel. Cela nous amène au délicat sujet de la " survie de l’âme " après la " mort "...
On ne vit qu’une fois... ?
Les connaissances scientifiques modernes devraient en principe nous ramener à une attitude très prosaïque : la vie est un processus tout à fait rationnel et l’existence d’un individu s’arrête lorsqu’il meurt. Ame, esprit, ce ne sont là que des interprétations de notre conscience humaine, qui est elle-même un effet de l’intelligence produite par un cerveau bien matériel. Nous sommes là par hasard pendant quelques dizaines d’années, et le mieux est d’en profiter au mieux, sans s’attendre à une quelconque suite.
Cependant, la science est loin d’avoir réussi à détrôner les croyances et la foi, qui elles, considèrent même que la " vraie " vie se situe après un ou plusieurs séjours provisoires sur Terre. Il y a bien des rationalistes purs et durs, mais il y a également des scientifiques qui n’excluent pas une présence divine. Et il y a tous ceux qui sont un peu perplexes, au milieu de ces opinions contradictoires et qui ne savent pas trop .... à quel saint se vouer...
Au fond, cela n’a pas une grande importance, et le mieux est sans doute d’attendre " le moment venu " pour avoir la clé de l’énigme... Du moins n’est-ce pas important si nous penchons pour l’une des deux possibilités habituellement décrites : si la vie s’arrête avec la mort, que nous nous attendions à cela ou à autre chose, nous n’aurons évidemment pas l’occasion de nous en rendre compte... Et si c’est le paradis ou une autre forme de béatitude éternelle qui nous attend, même si nous ne l’envisagions pas, nous serons d’office pris en charge - à condition de le mériter, bien sûr...
Mais je propose une troisième version, qui, si elle s’avérait exacte, aurait des répercussions sur notre vie dans l’immédiat, car il s’agit d’un " éternel retour ", ici-même, avec l’objectif et la possibilité de construire un " paradis sur terre "... Ce qui implique que nous préparons en ce moment notre propre existence à long, à très long terme...
Aucune des trois versions ne peut être formellement prouvée, mais aucune ne peut être formellement rejetée. Alors, s’il existe une possibilité, même difficile à admettre, que celle-ci soit juste, cela vaut la peine de l’envisager, à tout hasard... En voici donc un aperçu.
On ne vit qu’une fois... éternellement
Si notre ordinateur est sur le point de ne plus fonctionner, ou s’il doit être remplacé par un nouveau modèle, plus performant, nous pouvons recueillir toutes les données qu’il contient sur une disquette afin de les transférer dans le nouveau : celui-ci est équipé des principes de fonctionnement de base, générales à tous les ordinateurs, et nous pouvons, sans problème, continuer à utiliser notre machine toute neuve, poursuivre tout ce que nous avons l’habitude de faire, avec, en plus, des possibilités nouvelles, grâce aux innovations apportées au dernier modèle.
Il en va de même pour nous... Nous avons vu, plus haut, que, selon la thèse proposée ici, nous sommes équipés d’un système en tout point comparable à l’informatique, notre Conscience, qui mémorise et gère inlassablement toutes les données nous concernant. Celle-ci a une durée de vie infinie, tandis que le corps dont elle se sert pour recevoir, concrétiser, appliquer des données, est une construction, un assemblage qui fonctionne, évolue, et s’use.
Autrement dit, il meurt, et à ce moment-là, la Conscience opte pour un nouveau corps en formation, qui, comme dans l’exemple de l’ordinateur, est équipé du " programme " général, de base, commun à tout être humain, et, en plus de certaines " innovations ". Là-dessus viendra se greffer la mémoire individuelle à la recherche d’un support matériel, afin de continuer son existence, avec son vécu, sa personnalité, ses projets en cours.
Le détail de toutes les vies précédentes ne présente pas d’intérêt et serait plutôt gênant, et le film de toutes nos existences est donc stocké dans les archives... Ce qui est maintenu, c’est le résultat global de nos expériences, qui forment peu à peu notre personnalité, notre mentalité, que nous retrouvons progressivement durant notre enfance et qui devient disponible en totalité à l’adolescence ; ensuite, nous continuons notre parcours, notre évolution personnelle.
Cette Conscience qui quitte le corps au moment de la mort, il ne faut pas se la représenter comme un petit " fantôme ", une boule de lumière qui circule à travers l’espace, parmi d’autres " esprits " de défunts... Elle n’est pas " quelque part " : étant une part de l’Univers, elle est " partout " : durant la vie matérielle, elle ne fait pas partie du corps, elle focalise les perceptions qui le définissent en tant que tel ; Une fois qu’elle ne dispose plus du corps qui lui permet ainsi de se délimiter, elle fonctionne par mémoire.
C’est pour cette raison qu’elle a besoin de se concentrer régulièrement sur un corps matériel : toute seule, elle n’est qu’un ensemble de données codées, qui ont besoin d’être traduites en langage clair pour signifier quelque chose de concret. Sans le corps, forcément, elle n’entend pas, elle ne voit pas ; elle garde seulement la capacité d’assimiler, de mémoire, tel bruit, telle image, telle scène aux codes correspondants. Il n’y a par conséquent aucun risque – ou aucune chance – que l’esprit d’un défunt vienne se mêler concrètement de nos affaires : une Conscience n’a aucun moyen pour se manifester matériellement, et la seule possibilité pour communiquer ou agir avec autrui est de se servir des fonctions matérielles du corps...
Tout ce que l’on décrit lorsqu’on parle de " n.d.e. ", c’est-à-dire de ce que relatent certaines personnes qui étaient cliniquement mortes, ne sont pas des faits concrets, mais l’effet de cette mémorisation : traverser un tunnel, aller vers une lumière, voir des anges ou des défunts, des paysages ou des musiques célestes, sont dus au décodage des données qu’analyse la Conscience. Et chacun y met l’image ou le son qu’il a pris l’habitude, durant sa vie matérielle, d’attribuer à ces données.
En fonction des habitudes acquises, l’un va donc voir un ange là où l’autre perçoit une sorte de feu follet, tandis que le troisième reconnaîtra son arrière-grand-père ; en fait, les trois interprètent simplement chacun à sa façon une donnée de même nature. Un monde virtuel, en somme : la Conscience a en effet accès à toutes les informations de l’Univers, à tout ce qui est impossible, possible, tout ce qui a existé, aurait pu et pourrait exister. Et c’est pour cela que nous devons régulièrement remettre " les pieds sur terre ", pour nous rappeler les limites matérielles : car, lorsque nous avons " la tête dans les étoiles ", nous les oublions peu à peu et faisons des projets un peu trop ambitieux pour qu’ils puissent être mis en pratique concrètement...
Et l’inverse est le cas également : l’existence matérielle a pour but de permettre la recherche de tous les plaisirs de la vie concrète, mais, comme nous l’avons vu plus haut, cela nous conduit facilement à négliger notre Conscience, qui, elle, connaît toutes les conséquences, même à très long terme, et qui est totalement intègre, parce qu’elle n’est pas directement touchée par les plaisirs matériels : comme l’Univers, elle n’en retire satisfaction que lorsque l’équilibre global est respecté. Un petit tour par une phase sans corps matériel est donc très salutaire pour nous faire " prendre conscience " de nos actes...
D’où l’utilité d’alterner constamment entre les vies matérielles et les phases de Conscience seule. Les deux sont complémentaires et indissociables. Cela peut faire penser aux réincarnations multiples des religions orientales ; à la différence près qu’il ne s’agit pas d’atteindre le " nirvana ", qui libère enfin l’Humain de ses existences terrestres pour accéder à un état de béatitude spirituelle permanente : on peut se demander en effet pourquoi il faudrait être soumis pendant de nombreuses vies à des tentations matérielles à seule fin d’y devenir indifférent...
Dans la présente version, au contraire, les plaisirs de ce monde sont précisément le but de la vie : l’Univers ne se serait pas évertué ou amusé à laisser toutes ces choses séduisantes se former si l’objectif ultime avait été de revenir à ce qu’il y avait au départ : la perfection, c’est-à-dire l’inexistence matérielle...
Nous sommes donc en train de poursuivre ce processus d’évolution, individuelle et collective, qui vise à rendre la vie de plus en plus agréable et intéressante. Et ce depuis un bon bout de temps, puisque les " incarnations " se poursuivent sans cesse. Mais, au fait, comment un Humain commence-t-il à exister en tant que tel ? Y a-t-il un réservoir, un nombre limité ?
En fait, il y a une quantité infinie d’individus potentiels, mais, bien sûr, dans la limite de ce qui permet le maintien de l’équilibre global calculé en permanence par l’Univers.
L’Univers est virtuellement subdivisé en une infinité de " bulles " (cette notion a été expliquée dans d'autres textes concernant l'origine de la vie), et toutes celles qui ne sont pas en fonction, sont susceptibles de recevoir les données selon lesquelles elles vont suivre un développement selon un schéma donné. Ainsi, une telle bulle pourra recevoir les informations nécessaires pour gérer un être humain ; c’est ce qui était dit dans l’exemple de l’ordinateur : celui–ci est tout d’abord assemblé selon les plans habituels, ensuite il est équipé d’une mémoire de base de telle manière qu’il soit prêt à l’emploi pour n’importe quel utilisateur.
Et c’est ensuite celui-ci qui va personnaliser son appareil et y ajouter tout ce qui est utile et agréable selon ses goûts et ses besoins. De même, lorsqu’un enfant est conçu, cela met tout d’abord en route le mécanisme qui va former un corps humain. Celui-ci sera doté des instincts spécifiques à l’être humain, à quoi viendra s’ajouter l’apprentissage par l’éducation. Si une Conscience qui a déjà connu des vies matérielles recherche un support matériel, elle va apporter son vécu personnel, mais s’il n’y a pas de " file d’attente ", cet enfant va commencer là à alimenter sa Conscience avec ses expériences personnelles.
Mais il ne commence pas à zéro : une sorte de Conscience collective recueille la somme de toutes les expériences faites par les Humains depuis qu’ils existent en tant que tels, et un " nouveau venu " y a accès par l’intermédiaire de sa Conscience. Il va y recourir en fonction de son tempérament, de son éducation, des circonstances : ce n’est pas simplement parce qu’il dispose de toutes les données collectées par l’Humanité qu’il va être d’emblée un génie... Si nous achetons l’ordinateur le plus sophistiqué qui existe sur le marché, nous n’aurons pas forcément la curiosité ou les facultés pour nous servir de toutes les facettes possibles : c’est avant tout à nous de faire l’effort pour progresser.